Lundi 25 février, c’était les tous jeunes lauréats du Mercury Prize qui se produisaient à la Cigale. Après avoir sorti un des albums les plus appréciés de l’année 2012, An Awesome Wave, les 4 gars de Leeds font régulièrement le tour de l’Europe pour promouvoir leur musique dans des salles de plus en plus grandes. La preuve, après avoir rempli une Boule Noire en novembre, ils ne laissèrent pas une place en vente pour la Cigale ce soir la et au Trianon la veille. Un Olympia déjà sold out est même prévu en octobre, ainsi que des passages attendus au Main Square Festival et aux Eurockéennes.
Leur nouvelle venue en France était donc un petit évènement en soit. Mais il était d’autant important pour moi car je gardais un souvenir mitigé de leur performance à La Route Du Rock, l’été dernier. Je connaissais alors mal l’album, mais la prestation m’avait paru honnête mais bien fade, plate. Les conditions du festival ne rendaient pas forcément justice à leur musique, mais je m’étais quand même bien ennuyé au point de partir siroter une bière dans l’herbe avant la fin.
Cependant, entre temps, j’avais appris à apprécier An Awesome Wave. A dompter ces rythmes bancales et atypiques, cette voix si particulière et la douceur des compositions. La peur et l’excitation se mêlaient donc lorsque j’ai franchi les portes de la Cigale. L’excitation de voir un groupe dont j’apprécie l’album dans une superbe salle, la peur d’être à nouveau déçu par le manque de vitalité du groupe.
Je m’installe confortablement dans des fauteuils à côté de la régie. Stupide idée car je passerai finalement le concert debout à cause des spectateurs ne voulant ni être dans la fosse ni assis et se tenaient donc devant moi. Brillante idée les mecs, brillante idée.
La première partie était assurée par Stealing Sheep. Si vous êtes de bonne humeur, vous serez touché par la pop folk mignonne de ces trois jeunes filles. Si non, vous trouverez ça emmerdant à mourir. A vous de voir. La prestation est agréable mais personne ne se plaint lorsqu’elles quittent la scène. 30 minutes étaient largement suffisante pour assimiler et se lasser de leur univers. Tant pis.
Après un court intermède, les quatre garçons arrivent sur scène. Toute la Cigale se lève avant même la moindre note. Et comme à leur habitude, c’est Intro qui débute le set. Mes craintes se dissipent assez vite. Dans une salle, le son prend bien plus d’ampleur. Le light show, absent du festival, prend une place très importante et joue énormément sur la qualité du concert. Les interprétations des morceaux me semblent bien plus solides que cet été. Leurs compositions demandent tout de même, reconnaissons le, une certaine maîtrise technique et une grande discipline rythmique, notamment sur les passages à cappella entre le chanteur et le pianiste/choriste. Ces deux derniers seront d’ailleurs déstabilisés lors de MS devant un public particulièrement réactif qui les applaudit à tout rompre entre deux phrases a cappella. Les tubes de l’album s’enchaînent, Breezeblocks, Matilda, Dissolve Me. Le public est de plus en plus présent au point de faire rougir les membres du groupe devant tant de succès.
Le concert défile à une vitesse prodigieuse. Peut être même trop vite. Le groupe n’ayant qu’un album au compteur et une poignée de B Side à dispositions, le rappel intervient au bout de seulement 45 minutes. Seuls les 2 chanteurs reviennent tout d’abord pour interpréter Hand Made, un joli duo tout en douceur. Le groupe revient entièrement sur scène au final pour livrer une version toujours un petit peu décevante de Taro. Ce titre est si riche dans son instrumentalisation que la reproduction live est extrêmement compliquée, notamment sur le refrain, où le guitariste peine à faire du tapping avec un rouleau de scotch. Cependant, l’interprétation est honnête et le groupe quitte une salle entièrement conquise à la fin du morceau.
Et c’est alors que le miracle se produit. Les lumières se rallument, les techniciens montent sur scène pour démonter le matériel, la sono repart. Mais non, personne ne bouge. Les applaudissements ne s’arrêtent plus et se font de plus en plus insistants, les road tech se font huer. On les voit hésiter, parler entre eux, se regarder, l’air amusé. Au final, après 10 minutes (oui oui) d’un rappel incessant, les lumières s’éteignent à nouveau et le groupe revient partiellement sur scène. Tout d’abord le pianiste, qui nous improvise des remerciements en Français, puis les autres un par un qui débarquent un immense sourire scotché au visage. Et même si l’ultime morceau interprété ne restera pas dans les anales (un cover de Kylie Minogue), le geste a énormément touché le public. Un véritable rappel en somme, pas juste un saut de lignes entre deux morceaux sur la setlist. Le groupe semble tout aussi ravi et remercie une ultime fois la salle avant de s’éclipser. Cette fois, pas de fausse fin, le public s’assagit immédiatement et ressort de la salle des étoiles pleins les yeux et de la douceur plein les oreilles.
La performance enrichie de ce rappel surprise a donc rendu ce concert vraiment bien. Il n’est pas dans les meilleurs que j’ai vus, mais fût extrêmement bien mené du début à la fin, même si plutôt court. Du light show à la musique, tout fût exécuté dans la finesse et le bon goût. Je ne dépenserai pas à nouveau 30 euros pour les voir, mais je vous conseille fortement d’aller voir ce petit phénomène s’il passe pas loin de chez vous, vous n’en sortirez pas déçu.
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