dimanche 3 mars 2013

Alt J @ La Cigale.




Lundi 25 février, c’était les tous jeunes lauréats du Mercury Prize qui se produisaient à la Cigale. Après avoir sorti un des albums les plus appréciés de l’année 2012, An Awesome Wave, les 4 gars de Leeds font régulièrement le tour de l’Europe pour promouvoir leur musique dans des salles de plus en plus grandes. La preuve, après avoir rempli une Boule Noire en novembre, ils ne laissèrent pas une place en vente pour la Cigale ce soir la et au Trianon la veille. Un Olympia déjà sold out est même prévu en octobre, ainsi que des passages attendus au Main Square Festival et aux Eurockéennes. 

Leur nouvelle venue en France était donc un petit évènement en soit. Mais il était d’autant important pour moi car je gardais un souvenir mitigé de leur performance à La Route Du Rock, l’été dernier. Je connaissais alors mal l’album, mais la prestation m’avait paru honnête mais bien fade, plate. Les conditions du festival ne rendaient pas forcément justice à leur musique, mais je m’étais quand même bien ennuyé au point de partir siroter une bière dans l’herbe avant la fin. 
Cependant, entre temps, j’avais appris à apprécier An Awesome Wave. A dompter ces rythmes bancales et atypiques, cette voix si particulière et la douceur des compositions. La peur et l’excitation se mêlaient donc lorsque j’ai franchi les portes de la Cigale. L’excitation de voir un groupe dont j’apprécie l’album dans une superbe salle, la peur d’être à nouveau déçu par le manque de vitalité du groupe. 

Je m’installe confortablement dans des fauteuils à côté de la régie. Stupide idée car je passerai finalement le concert debout à cause des spectateurs ne voulant ni être dans la fosse ni assis et se tenaient donc devant moi. Brillante idée les mecs, brillante idée. 
La première partie était assurée par Stealing Sheep. Si vous êtes de bonne humeur, vous serez touché par la pop folk mignonne de ces trois jeunes filles. Si non, vous trouverez ça emmerdant à mourir. A vous de voir. La prestation est agréable mais personne ne se plaint lorsqu’elles quittent la scène. 30 minutes étaient largement suffisante pour assimiler et se lasser de leur univers. Tant pis. 

Après un court intermède, les quatre garçons arrivent sur scène. Toute la Cigale se lève avant même la moindre note. Et comme à leur habitude, c’est Intro qui débute le set. Mes craintes se dissipent assez vite. Dans une salle, le son prend bien plus d’ampleur. Le light show, absent du festival, prend une place très importante et joue énormément sur la qualité du concert. Les interprétations des morceaux me semblent bien plus solides que cet été. Leurs compositions demandent tout de même, reconnaissons le, une certaine maîtrise technique et une grande discipline rythmique, notamment sur les passages à cappella entre le chanteur et le pianiste/choriste. Ces deux derniers seront d’ailleurs déstabilisés lors de MS devant un public particulièrement réactif qui les applaudit à tout rompre entre deux phrases a cappella. Les tubes de l’album s’enchaînent, Breezeblocks, Matilda, Dissolve Me Le public est de plus en plus présent au point de faire rougir les membres du groupe devant tant de succès.
Le concert défile à une vitesse prodigieuse. Peut être même trop vite. Le groupe n’ayant qu’un album au compteur et une poignée de B Side à dispositions, le rappel intervient au bout de seulement 45 minutes. Seuls les 2 chanteurs reviennent tout d’abord pour interpréter Hand Made, un joli duo tout en douceur. Le groupe revient entièrement sur scène au final pour livrer une version toujours un petit peu décevante de Taro. Ce titre est si riche dans son instrumentalisation que la reproduction live est extrêmement compliquée, notamment sur le refrain, où le guitariste peine à faire du tapping avec un rouleau de scotch. Cependant, l’interprétation est honnête  et le groupe quitte une salle entièrement conquise à la fin du morceau.

Et c’est alors que le miracle se produit. Les lumières se rallument, les techniciens montent sur scène pour démonter le matériel, la sono repart. Mais non, personne ne bouge. Les applaudissements ne s’arrêtent plus et se font de plus en plus insistants, les road tech se font huer. On les voit hésiter, parler entre eux, se regarder, l’air amusé. Au final, après 10 minutes (oui oui) d’un rappel incessant, les lumières s’éteignent à nouveau et le groupe revient partiellement sur scène. Tout d’abord le pianiste, qui nous improvise des remerciements en Français, puis les autres un par un qui débarquent un immense sourire scotché au visage. Et même si  l’ultime morceau interprété ne restera pas dans les anales (un cover de Kylie Minogue), le geste a énormément touché le public. Un véritable rappel en somme, pas juste un saut de lignes entre deux morceaux sur la setlist. Le groupe semble tout aussi ravi et remercie une ultime fois la salle avant de s’éclipser. Cette fois, pas de fausse fin, le public s’assagit immédiatement et ressort de la salle des étoiles pleins les yeux et de la douceur plein les oreilles. 

La performance enrichie de ce rappel surprise a donc rendu ce concert vraiment bien. Il n’est pas dans les meilleurs que j’ai vus, mais fût extrêmement bien mené du début à la fin, même si plutôt court. Du light show à la musique, tout fût exécuté dans la finesse et le bon goût. Je ne dépenserai pas à nouveau 30 euros pour les voir, mais je vous conseille fortement d’aller voir ce petit phénomène s’il passe pas loin de chez vous, vous n’en sortirez pas déçu. 


lundi 11 février 2013

Radiohead, l'heure du bilan ?




Dans la modestie qui les caractérise, la formation de Thom Yorke s’est toujours hissée vers les sommets. Leurs deux albums OK Computer (1997) et Kid A (2000) ont régulièrement été classés comme les meilleurs des années 00’s. A tort ou a raison, l’article ne se penchera pas nécessairement sur cette question, même si vous savez certainement tout le bien que je pense de ces deux opus ou simplement de la discographie de Radiohead en général. Retour sur l’oeuvre : 

Leur premier opus paraît en 1993. Du nom de Pablo Honey il contient le plus gros tube du groupe Creep. Cependant, les morceaux ne reflètent en rien ce que sera Radiohead. On a affaire à une pop vaguement sympathique au son vraiment sale. Rien d’incroyable à retenir, cet album est peu apprécié par les fans du groupe comme par les néophytes. S’en suit The Bends. Dans la même lignée pop, cet album a su s’affirmer comme une véritable pépite. Entre ballades déchirantes (Fake Plastic Trees, Street Spirit) et les morceaux rock enlevés (Just, The Bends) lorgnant parfois même sur le grunge (My Iron Lung), cet album montre que le groupe a muri durant la tournée et la promotion du premier album.  Exit les morceaux de pop rock au son dégueu, les arrangements mal orchestrés et la batterie caverneuse. Ils maîtrisent désormais leur registre et prouvent qu’ils peuvent être potentiellement la relève de la pop rock mondiale.


Dès lors, lorsque OK Comptuer sort en 1997, tout le monde s’attendait à un The Bends 2. Quelle erreur. Tout en restant dans un registre rock, le groupe livre ici (à mon sens) son meilleur album. La simplicité instrumentale et le côté brutal de The Bends sont mis de côté pour laisser place à l’émotion et la finesse. Les hymnes sont présents (Karma Police et son outro entêtant, No Surprises, qu’on ne présente plus) tout comme les morceaux de rock expérimentaux (Paranoid Android, morceau caractéristique de Radiohead, longue composition de rock expérimental sur plus de six minutes). Le leader, Thom Yorke, être ô combien tourmenté et par la célébrité qui s’est abattue sur lui compose des ballades déchirantes aux finals apocalyptiques. Je pense notamment à Climbing Up The Walls et son final venu d’un autre monde. Les cordes s’entremêlent au cri du chanteur qui semble plus effrayé qu’autre chose. Ce disque est un véritable moment d’émotion. Un incontournable. 

L’attente du prochain effort se faisait sentir. Les fans étaient impatients. Tout comme en 1997, tout le monde attendait un OK Comptuer bis pour l’an 2000. Encore une fois, ce fût une magistrale erreur. Pour le nouveau millénaire, Radiohead publia Kid A, disque lorgnant très fortement dans l’électro pop expérimental. Le morceau d’ouverture Everything In Its Right Place s’enfonce même dans un registre dance. Déroutant  au premier abord, il se révèle (mais qui en doutait ?) lui aussi incontournable. Les oeuvres majeures sont The National Anthem avec sa ligne de basse répétitive et cette expérimentation de cuivres dissonants ainsi qu’Idioteque, morceau totalement à part, indescriptible, mêlant électro, batterie tribale et nappes synthétiques. 
Dans la foulée, le groupe publie en 2001 Amnesiac. Enregistré durant les mêmes sessions que Kid A (Kid Amnesiac ?), cet album montre un côté beaucoup plus intime et torturé. Il s’éloigne de l’expérimentation de Kid A (pas très loin cependant, des morceaux comme Pulk/Pull Revolving Doors annoncent le côté bruitiste de la formation) pour refaire monter l’aspect sentimental des compositions, Pyramid Song et You And Whose Army? en têtes. Les cuivres sont toujours présents et prouvent leur efficacité sur Life In A Glass House. Il est étonnant de se dire qu’avec le recul, le groupe a enregistré ces deux albums durant les mêmes sessions tant les morceaux d’un album sont différents. Néanmoins, pour beaucoup, ces deux albums représentent l’apogée du groupe. Et c’est la que le drame commence.



Album suivant en 2003, Hail To The Thief. De bonne qualité, le groupe déclarera qu’il n’est pourtant qu’une compilation d’exclus jamais publiées et qu’il ne contient pas vraiment de ligne directrice. Il est vrai qu’à l’écoute, il ne paraît absolument pas cohérent. Alors certes, les excellents morceaux sont présents (2+2=5, Myxomatosis, There There), mais ne sont pas légions non plus. 14 pistes, peut être un peu trop gourmand ? Mais je fais ici la fine bouche, l’album reste bien évidemment bon et surclasse aisément la concurrence. Il était juste très dur de rebondir suite aux trois bombes que le groupe avait sorti coup sur coup. Et c’est sûrement la que Radiohead se démarque des autres groupes. Là ou des formations comme Muse pour ne citer qu’eux ne sortent qu’un album parfait et, soient ne tentent que de s’auto plagier pour continuer ou pire, virent au commercial pour pérenniser leur succès (coucou Muse), Radiohead a su sortir trois disques de rangs à la suite. Trois disques différents, chacun tirant son inspiration de sources diverses. Un tel groupe ne peut qu’être attendu au tournant de façon féroce. Et c’est peut être ce qui explique la désillusion de certains quant aux dernières parutions. 















Suite à l’expérience solo électro dance du leader en 2006 (The Eraser), Radiohead revient en 2007 avec In Rainbows, qui bannit toute forme d’électro. C’est un sublime recueil de dix pépites pop. Fragiles et chaleureuses. Seulement, tout comme sur Hail To The Thief, les hymnes ont disparu. Evolution volontaire ou panne d’inspiration ? Même si des chansons comme Weird Fishes ou Reckoner sont (osons les mots forts) sublimes, c’est une page qui se tourne dans la carrière du groupe. Quoi qu’on en dise, derrière ses couches expérimentales, un album comme Kid A avait un côté fédérateur. Ses successeurs n’en jouissent plus. L’escapade solo de Thom Yorke donne d’ailleurs des idées aux autres membres du groupe. Le guitariste Johnny Greenwood se lancera dans la musique contemporaine tandis que le batteur livrera un petit album folk pop mignon tout plein où il assure la place de chanteur et guitariste. 


C’est suite à une longue pause donc que le groupe revient en 2011 avec The King Of Limbs. Encore une fois, l’oeuvre est déroutante. Cette fois ci, totalement électronique, bruitiste aux influences jazz. Feral n’est qu’un déluge de sons porté par une ligne de basse grondante. Bloom perd l’auditeur dans un trio de percussions arythmiques. La fin de l’album dénote et permet à l’auditeur de se réfugier dans la rondeur de Codex ou de se perdre dans les échos de Give Up The Ghost. Ce nouveau disque est tout aussi déroutant qu'il est hétérogène. Sa seule cohérence au fil des morceaux ? Il n'est absolument pas comme les autres. Il est presque impossible de se rappeler de la moindre ligne de chant après la première écoute. Si l’album ne se révèle pas mauvais en soit, les interrogations soulevées sont nombreuses. Dans quelle direction part le groupe ? 

Et nous en sommes ici. Au lendemain de sa tournée mondiale pour défendre son dernier album et à la veille du second album solo de Thom Yorke, résolument tournée vers Burial et autres Four Tet, que reste t-il de Radiohead ? On peut avoir le sentiment que le groupe a tout essayé. De la pop, au rock, en passant par l’électro, l’expérimental, lorgnant par moment sur le progressif. Le dernier album est pour certain une preuve d’un manque cruel d’inspiration. Pour ma part je le trouve agréable, mais je comprends que des fans puissent le trouver ennuyeux à mourir. Certains reprochent à Yorke de désormais considérer Radiohead comme son projet solo car ne reconnaissent pas la patte artistique des autres membres dans le dernier album. De plus, les derniers concerts ne se révélaient plus d’une grande intensité physique comme les précédents pouvaient en témoigner. Radiohead, groupe en déclin ? 

Il est vrai que le concert auquel j'ai assisté en octobre n'était pas le plus physique que j'ai vécu. Toute en finesse, le groupe a installé une aura dans la salle des plus confortables, nous berçant au grès des différentes perles de leur discographie. Le rock n'a plus vraiment sa place dans leur registre, trop peu de morceaux ont réveillé les pogoteurs des premiers rangs, désespérés de ne pouvoir manifester leur amour pour le groupe comme ils le faisaient précédemment. De plus, si Radiohead ne veut plus jouer à l'empereur du stade mais à la finesse et à l'électro, pourquoi remplir des arènes telles que Bercy ? Le son, même poussé à son maximum, ne rendait pas justice à la qualité des compositions du groupe. J'ai l'air ici de râler mais ce concert est tout de même à mes yeux le meilleur que j'ai pu voir en 2012, et même toutes années confondues. Car oui, j'aime le nouveau Radiohead, le côté électronique prédominant, la complexité et l'aspect déroutant. J'en suis sorti des étoiles plein les yeux et les oreilles. 2h15 de véritable musique avaient bercé mes oreilles. Cependant, que peut-on attendre objectivement de Radiohead aujourd'hui ? Car il est vrai que les moments forts du concert furent les interprétations des anciens morceaux, bien plus que les nouveaux. La surprise de Planet Telex, l'entêtante You and Whose Army?, la spectrale Exit Music (For A Film)...

Les extraits que Thom Yorke a dévoilé de son second album solo confirment la lignée que semblait prendre le premier. Un mélange d'électro minimaliste et de dance musique. Si les concerts de Atoms For Peace (le nom du groupe) se révélèrent dynamiques, notamment grâce un excellent Flea à la basse, les versions studios étonnent, inquiètent même, certains. D'un calme et d'une torpeur presque gênants, Thom Yorke pousse t-il la finesse à son paroxysme ? A t-il atteint un point de non retour, à se lover dans la veine de ses idoles, Four Tet et Burial ? Le problème est qu'il n'atteint pas encore leur degré de créativité, et semble (du moins sur les extraits parus jusque ici, qui ne sont certes pour la majorité que des b sides) tourner en rond. Car si l'on regarde bien, entre son album solo de 2006, son album avec Radiohead en 2011 et ce nouvel album à paraître le 25 février, le leader charismatique de la formation anglaise n'a jamais paru tant se répéter. Certes il se renouvelle dans le style et s'enfonce plus profondément à chaque fois dans ce registre. Seulement quand on connaît son influence majeure sur les albums du groupe, peut-on désormais s'attendre à autre chose de la part de Radiohead ? 

Pour le moment, 3 dates ont été annoncées pour la tournée du nouvel Atoms For Peace. Avec une configuration encore inconnue, même si elle devrait être logiquement similaire à celle du 1er album. Pas de concert en France pour le moment. On espère très fort que notre pays ne sera pas oublié, car les salles choisies pour le moment ne sont pas d'immenses arènes comme sur les tournées de Radiohead mais des clubs bien plus intimistes, propices à l'élaboration d'une véritable finesse musicale. Quant à la formation d'Oxford, le bassiste a annoncé le retour en studio d'ici septembre. "Pour nous livrer en 2015 8 pistes inécoutables ?" ont avancé certains. Pour ma part, je parie encore sur le renouveau, même si j'y crois de moins en moins. Que reste t-il a exploré ? L'acoustique, à moitié tenté sur In Rainbows ? La pop progressive ? Ou alors, après avoir révolutionné le monde de la pop et du rock, Radiohead se lance t-il dans le combat de révolutionner à sa façon le registre jazz/électro pop ? Le débat est sans fin, malheureusement. Les légions de B Sides parues sur la période The King Of Limbs pourraient cependant faire espérer un retour à la pop expérimentale, ce que je souhaite vraiment. C'est en tout cas ce que peut faire deviner l'EP paru en 2011 composé de deux morceaux assez simples mais d'une beauté déconcertante. 

Allez Thomy, ressaisi toi ! C'est sympa ce que tu fais en ce moment, mais tu as su livrer tellement mieux ! On a trouvé ça marrant ton dernier délire, mais merde, t'es le leader de Radiohead, fais nous rêver ! 


jeudi 7 février 2013

CHRONIQUE : The Empyrean ; John Frusciante.




The Empyrean, c’est le petit nom du onzième album solo du guitariste John Frusciante, évadé des Red Hot Chili Peppers et de son registre funk pop vieillissant donc. Chacune de ses expériences en solo s’est soldée par un résultat unique. Ici, nous avons à faire à un mélange de rock expérimental et psychédélique. Il est composé de 10 pistes. Chacune est unique, chacune est indispensable. 

Face à ma page blanche, je me rends compte qu’il est très dur de mettre des mots sur ce disque. On ne peut se contenter de dire «il est génial» «wouah, il est trop cool !». Ca va beaucoup plus loin que ça. Tout d’abord, la voix de Frusciante est sublime. Il confirme qu’il peut très bien endosser la casquette de chanteur dans un projet. Il couvre si je ne me trompe pas trois octaves. Il sait descendre dans les profondeurs de son timbre, comme il le montre sur One More Of Me, tout comme il peut atteindre des sommets sur Dark/Light. Multi-instrumentiste, il enregistre la quasi totalité des instruments, avec l’aide de quelques amis. A noter que le solo de Enough Of Me a été enregistré par Johnny Marr. Mais ce ne sont que des détails, parlons de la musique.

Encore une fois, les adjectifs sont durs à trouver. Sublime serait trop vague. Solennel sous entend un côté pompeux. Céleste, trop aérien. Les morceaux ont une touche sonore reconnaissable, mais en aucun cas ne se ressemblent. Prenez Dark/Light. Ce morceau dure 8:30 minutes. Il s’ouvre sur une longue complainte piano voix, toute en douceur, où John abuse de la réverbération sur son chant. Là où 9 groupes sur 10 se plantent dans le dosage, il réussit le tour de force d’amplifier son chant sans trop en faire. L’effet est d’ailleurs saisissant. Suite à ce passage, le ton change complètement, et sur une rythmique pop électro, un choeur de gospel vient jouer aux questions réponses, avant de basculer une nouvelle fois dans un nouvel univers, où une ligne de basse appuyée par des choeurs omniprésents vient ravager l’ultime once de résistance de notre corps. Frusciante, musicien mystique parle de transe. On le comprend tout à fait. Ce long passage de près de 5 minutes, certes répétitif mais si beau constitue l’apothéose du morceau et sûrement de l’album pour beaucoup. Les voix se samplent petit à petit et John s’amuse à les modifier, construisant ainsi l’outro de son chef d’oeuvre.

Et ce morceau n’est qu’un exemple de ce que recèle cet album. L’autre pièce majeure, Central, se révèle tout aussi riche et complexe. Elle est bien plus «rock» cependant. Tout se construit encore une fois autour d’une mantra. La voix de John devient vite le repère dans ce chaos instrumental. Crescendo, les cordes, la batterie, la basse et les guitares empiètent sur le chant pour au finir totalement le recouvrir, introduisant ainsi un solo de près de trois minutes. Solo qui rappelle d’ailleurs beaucoup ceux que l’on pouvait trouver sur les albums des Red Hot Chili Peppers. Complètement déconstruit, illogique théoriquement parlant, mais mélodique et parfaitement juste. Exception à la règle, Johnny Marr vient presque caricaturer Frusciante sur Enough Of Me en livrant un solo totalement dissonant, ce qui n’est pas pour autant gênant. 

Les autres pistes sont plus «simples» entre mille guillemets car n’ont pas de structures compliquées. Cependant, l’instrumentalisation est tout aussi travaillée. Les cordes sont mixées à la perfection et la basse dispose d’un véritable traitement de faveur. Frusciante a intégralement mixé l’album, comme à son habitude. 
Cependant, s’il fallait retenir une troisième piste, je me tournerais vers Unreachable et son long final instrumental avec un solo très hendrixien dans l’esprit. Le chanteur n’a jamais caché le culte qu’il vouait à Jimi et cela s’entend. Tant mieux pour nous.


On ne peut se lasser d’un tel album. Il est très étrange qu’il soit passé aussi inaperçu dans le champ musical de l’année 2008. Frusciante a d’ailleurs tenu à ne faire absolument aucune promotion. Comme s’il voulait que ce chef d’oeuvre reste son petit secret. Une pièce éphémère, magnifique. Oh et merde, la pochette aussi est à tomber par terre. 







NOUVELLES PARUTIONS.

Plutôt que de faire un post par morceau, ce qui se révèlerait laborieux (pour pas dire chiant), je vais regrouper les sorties récentes ici.

Black Rebel Motorcycle Club : Let The Day Begin



(nouvel album le 19 mars)

The Black Angels : Don't Play With Guns




(nouvel album le 2 avril)

Youth Lagoon : Dropla



(nouvel album le 5 mars)

James Blake : Retrograde 

https://soundcloud.com/myblogcliche1/james-blake-retrograde-radio

(à l'heure où je publie, le single vient d'être révélé. Pas de lien You Tube pour le moment. Nouvel album le 8 avril)






AUFGANG : Kyrie

Aufgang, trio français composé de deux pianistes et un batteur revient avec son nouveau single Kyrie. Leur troisième album sortira le 15 avril. Pour fêter cet évènement, ils seront en concert le lendemain au Trabendo et dans le cadre du festival Chorus improviseront un live à La Défense à midi le jour même. Ce projet unique mêlant musique classique et électronique est l'une des découvertes les plus excitantes de 2012 pour ma part. A découvrir au plus vite. 


Un point sur les festivals.

La saison des festivals estivaux s'annonce très dense. De nombreux grands groupes font leur réapparition, tandis que les talents de demain commencent à émerger sur les scènes principales. Un rapide rappel et coup d'oeil sur les propositions françaises actuelles : 





Les Eurockéennes : Pour la première fois, et pour ses 25 ans, le festival musical de Belfort se déroulera sur 4 jours, du 4 au 7 juillet. Si les organisateurs n'ont officialisé que la présence de BLUR pour la clôture, plusieurs fuites viennent colorer l'affiche. Il est donc entendu que le groupe britannique ARCHIVE sera présent, tout comme les Français de PHOENIX. Quant à la dernière tête d'affiche, les rumeurs les plus folles circulent. On parle des QUEENS OF THE STONE AGE ou des ARCTIC MONKEYS. A ces gros noms se rajoutent des frenchies en phase ascendante, notamment les Bewitched Hands et les Hyphen Hyphen, tous deux présents à Rock en Seine l'an dernier d'ailleurs. 



Rock en Seine : Le festival francilien a modifié son plan de communication cette année et a annoncé mi janvier ses trois premiers noms. Il s'agit à nouveau de PHOENIX, du groupe de néo métal américano-arménien SYSTEM OF A DOWN (mais pourquoi...) et du DJ Berlinois PAUL K, qui fera son retour après avoir déjà enflammé le festival en 2011. Aucun autre nom n'a été confirmé, mais les rumeurs sont nombreuses sur la toile. A en croire certains, nous pourrions compter sur la présence de Foals, Jake Bugg, Alt-J, Biffy Clyro ou encore les (disparus trop peu de temps) Fall Out Boy. Ces rumeurs se basent notamment sur la programmation du Reading, célèbre festival anglais se déroulant le même week end que Rock en Seine. 



La Route du Rock : A Saint Malo, loin de la folie des Vieilles Charrues se déroule mi août ce petit festival, à la programmation extrêmement exigeante mais ô combien de bon goût. Le seul nom officialisé pour le moment est celui de NICK CAVE & THE BAD SEEDS. Aucune rumeur n'a été relayée, mais il y a fort à parier qu'encore une fois, les programmateurs ramèneront la crème de l'année musicale 2013. Pour rappel, ils avaient appelés en 2012 Alt-J, Spiritualized, The XX, The Soft Moon, Savages, Mark Lanegan ou encore Breton. 
Quant aux Vielles Charrues, les quatre têtes d'affiche seront le groupe allemand RAMMSTEIN, le mélomane Neil Young, le guitariste Santana et sir Elton John qu'on ne présente plus. Ces deux derniers ne sont pas encore officiels mais des fuites de SFR nous les ont donnés. 

Ces trois festivals représentes à mes yeux les trois meilleurs de France. La programmation du Main Square est comme chaque année, peu exigeante avec les têtes d'affiche et se contente de ce qui a été populaire pour les middle name au cours de l'année sans aucune cohérence. On y trouvera donc cette année (attention ça pique) Green Day, 30 Seconds To Mars, Sting, The Prodigy, Indochine, Asaf Avidan, C2C, Damien Saez... A noter tout de même la présence de quelques groupes sympas comme Alt-J, Bloc Party et Of Monsters and Men. 
Le festival de Carcassonne a lieu dévoilé ses deux premiers noms, les Arctic Monkeys et Archive.
Le Musilac et Garorock ne sont pas non plus à la traîne avec Phoenix et 30 Seconds To Mars pour le premier et Mika et Iggy Pop pour le second.

Une liste exhaustive des festivals ainsi que de leur programmation serait trop longue à effectuer. Je pense néanmoins que ce petit aperçu donnera une bonne idée des groupes que l'on pourra trouver sur la route cet été. Et n'oubliez pas, le principal en festival, ce n'est pas la programmation mais l'apéro !


2012 / 2013

En ce début d'année 2013 (ouais, plus trop le début, mais bon) et avec un regard objectif et critique, il est temps de revenir sur une année 2012 très chargée sur le plan musical. On va essayer d'en garder le meilleur pour le plaisir de nos oreilles.

Pour les albums, je retiendrai les suivants :

Other People's Problem : Breton. (en concert au Marvelous Island à Paris fin mai)
Lonerism : Tame Impala. (A l'Olympia fin juin).
An Awesome Wave : Alt-J. (Au Trianon et à la Cigale fin mars. Et à Rock en Seine. MAIS CHUUUUT)
Spooky Action at the Distance : Lotus Plaza.
Blues Funeral : Mark Lanegan.
(III) : Crystal Castles. (A l'Olympia fin juin).

Mention spéciale à The Money Store de Death Grips qui malgré une découverte live catastrophique s'est bien rattrapé au format audio dans mon casque.


Pour ce qui est des lives, et il y en a eu beaucoup en 2012, je ne peux établir qu'un classement purement subjectif :

Radiohead @ Bercy.
Sigur Ros @ Rock en Seine.
Noel Gallagher @ iTunes Festival.
The XX / Spiritualized @ La Route du Rock.
Breton @ Fontenay s/ Bois.
Jack White @ Olympia.



Quant à 2013, l'année s'annonce déjà extrêmement riche. Un petit retour sur les sorties passées et à venir :

We Are The 21st Century Ambassadors of Peace and Magic : Foxygen. 
m b v : My Bloody Valentine.
Holy Fire : Foals.
0181 : Four Tet.

A venir :

AMOK : Atoms For Peace.
Specter at the Feast : Black Rebel Motorcycle Club.
The Next Day :  David Bowie.
??? : Phoenix.
??? : Queens of the Stone Age.
??? : Arctic Monkeys.